Cette fois je raconte tout ou presque.

Pour arriver à Mende, après le train, il faut prendre le car. En tout six heures de voyage depuis Paris. Petit air de vacances. Soleil couchant sur vaches brunes. Autoroute dégagée. Ciel limpide. Passagers solitaires et silencieux. Impression grisante de quitter le quotidien pour la francilienne que je suis. Ensuite, quelques tas de neige ayant subsisté au redoux.

Mende, c'est la ville où est né mon père. La ville-racine que pourtant je connais mal. Creusée entre causses et Margeride. Surplombée de paysages en forme de décor de film.










Après un bel accueil par mes cousins Claude et Claudine (on en ferait presque un titre de livre pour enfants, non ?), me voilà le lundi matin arpentant les rues de la ville pour me rendre au Groupe Scolaire, où m'attendent des CP-CE1 et des élèves de CLISS.
Ce jour là, j'entendrai des murmures à mon entrée dans les classes, je verrai des yeux s'ouvrir de curiosité et je répondrai à beaucoup de questions.
Ce jour-là, un petit garçon me dira "j'espère que je vous reverrai", une petite fille modèle me saluera poliment par un "j'ai beaucoup aimé c'était très bien" qui me fera fondre.
Mais je retiendrai d'abord cet exercice d'écriture sur l'album "Quand je serai grand je serai... Grand Méchant Loup !", lors duquel un grand garçon de dix ans un peu perdu au milieu des CP, au fond à gauche, me montrera finalement sa phrase :
Quand je serai grand je serai... L'homme à tête de fleurs.

 (extrait de Histoires de poche, Edition Scarabéa, 2011, illustration par Csil)

Je leur avais lu cette histoire de poche, et leur avais dit "vous allez peut-être vous reconnaître dans cette histoire, ou reconnaître quelqu'un de votre classe, il y en a toujours un ou deux..."... lui s'était  reconnu et avait osé l'écrire, tout en cachant un peu sa feuille et en se moquant avec son copain (qui lui s'était vu en "super héros") de l'exercice de petit auquel on les avait soumis.

 Le lendemain à l'école de Chabrits. Trois classes dans une sorte de maison. Des enfants de trois à dix ans, jouant ensemble dans la cour. Un terrain de toupie (qui a rendu mes enfants jaloux quand je leur ai raconté). Ambiance classe de neige, un peu.
Autres enfants, autres questions, mais toujours le même accueil chaleureux, la même curiosité, la même envie de se frotter à l'écriture ("tu vas nous faire écrire, hein ?"). De beaux textes écrits sur des images de Histoires de Poche (que je mettrai en ligne si je les reçois, j'ai promis). Et une interview pour radio Gazouille, que je ne me lasse pas d'entendre (cliquez et puis allez sur la "carte postale" du 15 mars ).

 

vitrine de la librairie Chaptal !

Mercredi, jour de dédicace... L'occasion de revoir certains enfants accompagnés de leurs parents, un peu dépassés ("ça fait deux jours qu'il me tanne, j'étais obligé de venir je ne sais pas ce que vous lui avez fait !"). Je reconnais ce garçon de huit ans qui voulait absolument acheter Papi-Guérit-Tout et qui me fait tant penser à mon fils (de ces enfants pour qui l'école est un long alignement d'heures ponctué ça et là de brefs moments de bonheur... sciences, musique ou rencontre avec un auteur !). Trois heures de signature non stop. "Celui là on le prend pour maman, et celui là pour ma sœur pour quand elle sera plus grande"...

- Je suis dans la classe d'Elizabeth, j'étais assise juste à côté de toi...
- non c'est moi !!
- En fait on était chacune d'un côté.
(sourires complices)

Après une soirée passée en compagnie de l'éditrice de Winioux, Rafaèle, grâce à laquelle j'ai pu croiser la route de tous ces enseignants en novembre dernier, j'entame la dernière matinée.

Ecole des Fontanilles. Dont on me dit qu'elle est "dans une cité". Débarquant de Seine Saint Denis je découvre avec bonheur cette petite école avec vue sur les montagnes. Une cité en pleine nature. Une école pourvue de tableaux numériques et d'ordinateurs portables pour les enfants. Des classes à 15-20 élèves... Vive les cités lozériennes ! :-)
Les murs de l'école sont pleins d'affiches réalisées par les enfants autour de mes livres.

(cliquez)

Des potions comme dans Papi-Guérit-Tout, une nouvelle aventure pour Bonhomme, une affiche sur le rapport entre image et texte dans Quand je serai grand... et quelle surprise d'apprendre que les CM2 sont en train de lire... Noël en juillet ! Je suis impressionnée.
La matinée se termine par une mini séance de dédicaces sur les livres achetés par l'école. Petite pensée émue pour Matteo et son morceau de papier qu'il a voulu me faire signer rien que pour lui...


Bref passage à la bibliothèque de Mende, afin de rencontrer la directrice, et de présenter mes livres à l'association des Amis du livre qui se trouvait là, petite pause au soleil et je reprends mon car, mon train, j’empaquète mes souvenirs de cette toute première série d'interventions scolaires pour les livrer plus tard ici.

Un immense merci aux enfants mendois, aux enseignants (n'oubliez pas de m'envoyer les histoires de poche !), à leur enthousiasme, aux discussions devant les tielles sétoises, le pâté maison, l'eau en bouteille inhabituelle ou encore l'aligot. Merci au libraire, Monsieur Chaptal pour son accueil, à Rafaèle pour avoir fait naître ces rencontres en éditant notre album et à la bibliothèque pour m'avoir rangée à côté de Balzac. Merci aux journalistes qui sont passés me voir.
Merci à mes cousins pour ses quelques jours chez eux. Merci au soleil mendois.
Le seul que je ne remercie pas... c'est le temps, passé trop vite.